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TRAILER : http://vimeo.com/90961548

 

 

RESUME (Fr / Eng / Esp) :

 

Français:

 

Au nord du Chili, on appelle Camanchaca la brume qui s'élève du Pacifique et vient buter sur les collines qui lui font face. La Ce n’est pas seulement quelque chose que l’on regarde, c’est quelque chose qui vous pénètre, qui vient, véritablement, vous envahir. C’est la Loi du dehors. D’un dehors où il n’y a plus de recours. Autrement dit, l’Histoire.

 

Écrit sur la tonalité du conte et de la « fiction géographique » CAMANCHACA empruntera aussi à la science-fiction d’Amérique du Sud des années 50, notamment en faisant de la nature l’objet d’une inquiétante étrangeté. Ce projet n’est pas un travail « sur » la mémoire mais travaillé « par » la mémoire avec tout ce que cela induit de fiction.

 

 

 

« Voici à quel danger s’expose et à quelle loi s’expose le film de Clio Simon. Qui la pénètre déjà, l’oblige à pénétrer plus avant, avec comme seules armes sa passion des images, des pouvoirs qu’elles peuvent donner pour qu’un cri ne soit  pas mortel mais encore appel d’un langage, recherches  de sources non jalouses, et pour que l’Histoire résiste poétiquement aux tentations des mythes. Il y a un « cri de la raison » et c’est dans les eaux, peut-être asséchées, de cette raison-là que Clio tente de dissiper des brumes trop sombres, trop ancrées dans les mémoires et les corps, pour que se dessine un cri de lumière : un éclair probablement. »

 

Daniel DOBBELS

(Extrait du Tome 57 des oeuvres complètes de Daniel Dobbels, publiées dans la Pléiade, page 2014, édition préfacée et annotée par François Bonenfant, bilingue : portugais et espagnol).

 

 

 

 

 

/////////     SYNOPSIS

 

 

À l’image une femme, qui pourrait être une allégorie de l’Histoire et de ses contradictions,  marche dans le désert d’Atacama, une bonbonne d’eau vide à la main. Dans cette immensité elle croise trois hommes, les disparus. Ils ne la voient pas. Seuls les Hommes debout l’observent. Attentifs. Ils la regardent comme un public face à un film, ce même film qui se déroule sous nos yeux. 

 

Une épaisse brume, la Camanchaca, envahit le paysage elle semble effacer les traces du passage de la femme. 

 

Arrivée au sommet d’une colline la femme accomplit sa tâche. Elle puise dans une grande citerne l’eau de la Camanchaca qu’un grand filet de pêche, l’attrape Nuage, a récolté. 

 

Elle reprend alors sa marche, sous l’oeil attentif des Hommes debout. Chacun de ses pas semblent être rythmé par les bruits d’une manifestation qui surgira à l’image pour clore le film.

 

 

/////////     INTENTION

 

À l’image, un lieu, le désert d’Atacama. Il se présente telle une scène qui s'étire vers l'infini, un désir d'immortalité, un lieu de tous les possibles qui éjecte le Personnage de l'anecdotique et qui le rend éternel.

CAMANCHACA, là où les corps crient est l’histoire de traversées, celle d’un Nuage qui écorche les chairs, celles de trois hommes, les Disparus, et celle d’une femme chilienne qui s’éprouve devenir flou. Ces traversées  nous sont contées en grande parti par une chorégraphie-narrative faisant appel au vocabulaire du plan séquence

 

 

Cohabitent trois registres d’images (archive, fable topique, "documentaire"). Des images qui se regardent, se hantent et n’existent qu’en regard les unes des autres. Le spectateur cherche à créer des liens entre ces divers éléments, tous convoquent l’Histoire du Chili sans pour autant l’aborder de manière frontale. 

 

 

 

L’usage du plan séquence permet de ressentir la très lente infiltration du personage par le monde extérieur, le monde du Dehors et ses lois. Un Dehors au sens politique du terme. 

La caméra fait partie de ce Dehors, non seulement elle suit le personnage, mais elle semble aussi l’écrire anticipant ses gestes et trajectoires. Chacun des silences, gestes et déplacements du personnage se dévoiler délicatement aux spectateurs, les installant ainsi dans un quotidien de l’ordre du rituel.

 

Dans nos imaginaires, le désert suggère la fin et l’origine d’un monde. Au Chili, le désert est un lieu marqué par l’Histoire qui demande à être fouillé par le regard afin d’y relever les traces de civilisations anciennes témoignant d’une culture autochtone postcoloniale, mais aussi afin d’y apercevoir des villes fantômes ouvrière dont les ruines se confondent avec le paysage, ou encore afin d’y dénicher des mines anti personnelles, d’y découvrir les corps de « Disparus » enterré secrètement sous la dictature de Pinochet… Les preuves de ces histoires logent dans ce désert aride qui semble résister à la nécessité de les dire pour en faire acte.

 

Habité par la présence de la Camanchaca, épaisse brume côtière, ce film appréhende le Nuage, à la puissance évocatrice, à la fois comme personnage principal et comme motif (catastrophe, guerre, bombardement, explosion ...). L'épaisseur et le défilement de la Camanchaca donneront corps à un personnage intrusif, à un agent révélateur qui se jouera de l’image (opacité variable, percée, monochrome ...). Le Nuage représente ici un Dehors qui s’inscrit sur les corps et les marque jusqu’à pénétrer les chairs (je pense ici aux corps des sans abris ; des immigrés qui brûlent à blanc leurs empreintes digitales, ou qui traversent désert et océan pour passer les frontières ; mais aussi, de manière plus large et moins visible ou moins évidente, je pense à chacun d’entre nous dont le corps résulte d’une politique mise en place).

 

////////// LA BANDE SONORE

 

 

La bande sonore traduira la relation phonique à l’absence et au vide, à la gravité (de la Terre), la représentation de l’immatériel, l’épuisement de la réalité : sifflement d’une note continue, harpe éolienne, vent sourd, rumeur, etc.  Elle suscitera ici angoisse, inquiétude, menace et tissera les images entre elles.

 

La musique viendra questionner et casser le mythe du Progrès en empruntant à un genre cinématographique du milieu du XX siècle qui nous raconte la colonisation et la conquête de Territoires par les Etats Unis : le Western.

 

 

 

Ce film est la métaphore d’un pays qui ne cesse de trembler, le Chili, au regard de son actualité : les révoltes anticonstitutionnelles actuelles

 

 

 

« Le passé n’est pas derrière nous, comme un état ancien des choses. Il est devant nous, avec nous (…) l’acte même de fouiller altère irrémédiablement la masse, de ce qu’il touche »  

Laurent Olivier, archéologue

 

 

 

Ce film n’est pas un travail « sur » la mémoire mais un film « travaillé par » la mémoire avec tout ce que cela induit de fiction.

 

 

 

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English: 


In the north of Chile, Cachamanca is the name we give to the mist, rising up from the Pacific, which stumblles against the hills facing it. It is not only something we watch, it penetrates from within, completely overcomes you. It's the rule of the exterior. An exterior where there is no more recourse. In other words, History.

 

Camanchaca’s narration is characterized by a « geographic fiction » description of events using a story-telling tone. This film is not a work "on" memory but "worked by" memory, with everything included by fiction.

 

Castellano:


En Chile, los habitantes del norte llaman « Camanchaca » la neblina que se levanta del Pacífico, y que golpea los cerros que la encaran. No solo es algo que se mira, es algo que penetra, que te invade realmente. Es la Ley de afuera, de un afuera donde no hay más recursos. En otras palabras, la Historia !

© 2013 by Clio SIMON DIRECTOR

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